dimanche 27 octobre 2013

Naufrage en plein cœur : un bénévolat injuste

Lancé en pleine mer et naviguant au large, ce navire bravait tous les aléas de la vie avec force et détermination. Qu’importent les embûches, les vagues plus fortes ou plus hautes. Qu’importent les vents forts, les voiles étaient hissées et s’acharnaient à le mener à bon port.

Au gouvernail, je faisais l’effort de le diriger du mieux que je pouvais, avec toute l’envie et la conviction que le voyage serait long et beau. Une beauté malgré des vents pénibles et une météo parfois orageuse. Au cours de ce voyage, j’ai pu rencontrer des gens, tous différents, mais dans lesquels je m’étais efforcée d’en tirer le meilleur de chacun. Ce fruit de cette remise en question : l’ouverture aux autres. Tellement ouverte que je me suis donnée sans compter. Donnée pour eux, pour ce mouvement, pour les gens qui le font vivre, pour ces jeunes qui y adhèrent. Pour moi aussi : pour atteindre un bonheur non encore découvert. « Le bonheur n’appartient pas à ceux qui l’attendent assis » : je l’ai cherché, je suis allée à son encontre mais il est désormais temps de rendre les armes et de tirer un bilan…

Du bonheur trouvé ? Certes. Des rencontres ? Nul doute. Des échanges ? Enrichissants. Mais au fond, quels apports ? Quels apports si ce n’est avoir donné de ma personne, gratuitement, en attendant secrètement un remerciement pour cet engagement que je tenais avec dévouement. Ce même engagement que j’ai prononcé et dont j’ai pu témoigner devant des personnes qui me sont chères.
Mais combien d’injustice pour ces instants de bonheur reçus ? Combien de fois à déplorer ces attitudes de ceux qui en tirent les ficelles et qui créent peu à peu un monde aussi injuste que celui dans lequel nous vivons quotidiennement ? N’est-ce pas une amorce de rejet de ces valeurs ? Ou plutôt n’est-ce pas une prise de conscience que ces valeurs ne se vivent, à mes yeux, pas comme je l’entends ?
La beauté de bâtir des projets pédagogiques avec des axes tous plus beaux et enrichissants les uns que les autres. La conviction qu’un mouvement peut s’adonner à un projet éducatif aussi riche et ambitieux. Mais le bénévolat n’a-t-il pas justement un rôle néfaste dans ce respect ? N’est-il finalement pas ce qui le désintègre et lui porte atteinte progressivement ? Pourquoi y aurait-il tant d’opinions négatives si les bonnes actions étaient reconnues de manière juste ?


Un cercle, la forme qui tend à faire croire que l’humanité peut être réunie au sein d’une même envie, je dirais même d’une même passion. Le bénévolat a pour vocation à ce que chacun de nous puisse donner de son temps, selon ses propres occupations pour faire vivre aux autres des moments joyeux et éducatifs. Faire grandir, partager, l’ouverture au monde, protéger l’environnement, éduquer des filles et des garçons : des beaux mots dans une belle enveloppe mais sans substance concrète à l’intérieur. Ce même cercle dans lequel chacun des maux doit être tenu secret, voir même refoulé de peur de voir une vérité lourde de conséquences. Pas prêt à affronter des choses inacceptables ? N’est-ce pas finalement un déni que de s’acharner à ne faire vivre, subjectivement, des choses bonnes et de renier ce qui pourrait lui être néfaste ? La faiblesse de ce cercle se trouve justement là. Les voiles de mon navire étaient fortes, elles sont désormais abimées mais la réparation les rendra que plus solides et capables d’affronter des mers encore plus déchainées.  



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